Variations en deuxième personne
Résumé
Cet article propose un tour d’horizon des variations possibles en deuxième personne dans des contextes précis d’exploitation. A partir d’un modèle de références possibles, je montre que les récits en you envisagent des partitions diverses selon le jeu des références, proposant quelques exemples investissant divers points référentiels de ce modèle. Revenant à l’étymologie du mot « personne », j’indique les raisons pour lesquelles ce pronom est choisi par rapport aux pronoms traditionnels. A la fois pronom-porte-parole et pronom-masque, you est le pronom de la mise en scène, faisant des lecteurs des co-participants amenés à revivre la scène décrite par le personnage-narrateur sur un mode intime et énactif. La lecture d’un récit en you suppose en effet un alignement ou un accordage sur la voix narrative pour accéder à la perspective expérientielle du personnage. La musicalité d’un récit en deuxième personne résonnera certes différemment chez chaque lecteur et lectrice mais je démontre que tout type de you peut potentiellement générer des effets d’appel à l’auto-assignation secondaire, révélant ainsi sa nature puissamment interpersonnelle. Enfin l’article met l’accent sur la mise à l’écoute que la perspective de seconde personne encourage, en prenant pour illustrations Citizen. An American Lyric (2014) de Claudia Rankine et Open Water (2021) de Caleb Azhuma Nelson, lesquels, via la voie décentrée d’un you mettant en voix l’intimité d’un vécu, invitent le lectorat à l’attention renouvelée de la force des préjugés racistes.
Mots-clés : interpellation, énaction, pronom personnel, you, auto-assignation, écoute, inter-écoute, alignement
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