Récupération et détournements des codes référentiels par l'image photographique chez Sophie Calle

Auteurs

  • Laurence Perron Université du Québec à Montréal et Université Rennes II

Résumé

Dans la plupart de ses projets, l’artiste française Sophie Calle se met en scène, fait d’elle son propre personnage et explore les limites de la vie privée, de la pudeur et de l’indécence, de la banalité et du scandale. Aussi, il n’est pas étonnant qu’elle ait souvent recours aux codes du genre biographique et autobiographique dans la constitution de ses œuvres, codes grâce auxquels elle parvient à brouiller de manière manifeste les frontières entre la réalité et sa représentation. Genre majoritairement référentiel qui, nous l’apprenait Philippe Lejeune (1975), fonctionne à partir du moment où le texte produit une adéquation entre le personnage, le narrateur et la personne réelle de l’auteur, l’autobiographie exige une certaine perspective lectorale dans laquelle l’effet de réel doit forcément occuper une grande part. C’est donc dire que sa réception en est partie orientée par le paratexte (notamment grâce aux clés génériques qu’il donne) et le discours critique, qui conditionnent l’acte de lecture et l’ancrent dans une dimension référentielle. Pour cette raison, il nous apparaît pertinent d’évaluer les stratégies esthétiques privilégiées par Calle dans la mise en place de ce paratexte : en nous concentrant sur les couvertures successives de l’ouvrage Des Histoires vraies (1994) – qui sont au nombre de six –, nous comptons démontrer que les ouvrages de Calle manipulent cette notion de référentialité pour renforcer ou déjouer les attentes générées par la perspective autobiographique. Notre analyse portera d’une part sur les inférences que rendent possibles les caractéristiques iconiques et plastiques des photographies de Calle et, de l’autre, sur l’agencement texte-image et sur les contradictions que ce côtoiement cherche à susciter.

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Publiée

2019-07-01