Déstabiliser le lieu commun : l’art de Theaster Gates entre installation et fugitivité

  • Antonia Rigaud Université Sorbonne Nouvelle

Résumé

Depuis le début des années 2000, l’artiste afro-américain Theaster Gates s’est imposé sur la scène américaine et internationale avec des interventions qui croisent art, urbanisme et activisme social, dans un geste qui interroge le rôle de l’art et de l’artiste dans la communauté socio-politique des États-Unis aujourd’hui. Ses œuvres vont de la céramique à l’art in-situ et à la performance, constituant un corpus riche et mouvant de propositions artistiques. Le spectateur y est invité à penser en termes politiques et économiques aux enjeux liés à l’occupation de l’espace dans un pays où la violence sociale prend corps dans la délimitation spatiale de communautés séparées. Son travail est ancré dans la réalité urbaine de Chicago et du quartier défavorisé du South Side. En installant ses œuvres dans les quartiers représentatifs de la communauté afro-américaine portant les stigmates de l’abandon des pouvoirs publics autant que des soulèvements populaires qui ont émaillé son histoire, Theaster Gates prolonge dans le domaine des arts visuels une tradition forte à Chicago, celle de figures culturelles aux avant-postes de la création et de l’activisme telles que les écrivains Richard Wright, Gwendolyn Brooks ou Leon Forrest. Il prolonge cet héritage en explorant de nouvelles modalités esthétiques pour penser les notions de communauté et de commun dans l’Amérique contemporaine.

Publiée
2022-03-11
Rubrique
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