A l'horizon, la guerre: résistance, insistance, survivance dans "Three Guineas" de Virginia Woolf

Authors

  • Nathalie Pavec Université de Franche-Comté

Keywords:

Woolf, Virginia, Essay, Three Guineas

Abstract

This paper proposes to analyse Three Guineas in the light of Georges Didi-Huberman's recent work, Survivance des Lucioles (2009), which examines how aform of counter-power may survive in times when discourses and representations seem to be enclosed and controlled by some absolute authority defined by a horizon-like limit not to be trespassed or challenged. Three Guineas was written in 1936-37, as dictators were coming to power across Europe and newspapers circulated pictures of the Spanish War, a context overshadowed by an apocalyptic horizon reflected in the initial question “How are we to prevent war?”, from which the whole essay unfolds. Tracing the loops and meanders of the female voice called upon to confront this horizon, the paper explores the multi-layered texture of Woolf's essay and the way in which she interweaves strategies which, although potentially conflicting, all question limits as well as the authority of any discourse. Along with, and in counterpoint to, lines of thought aiming at developing counter-arguments to blow up or overturn dominant frameworks, there emerge other forms of resistance which operate on an intermittent, elusive mode and appear to challenge limits from within. By “rub[bing] up” images and resorting to the poetic mode within the framework of essay-writing, Woolf re-thinks the limits of genres as well as of language, and unlimits the contours of an “outsiders' society” whose independent thought emerges as an essential act of resistance and potential for survival.

Cet article propose une lecture de Three Guineas à la lumière du récent ouvrage de Georges Didi-Huberman, Survivance des Lucioles (2009), qui s'intéresse aux modalités de survivance d'une forme de contre-pouvoir, dans des temps où le pouvoir semble avoir cadenassé discours et représentations dans l'espace clos d'une liberté surveillée et où toute autorité trouve son fondement dans une ligne d'horizon posée comme un absolu indépassable. L’essai de Woolf, écrit en 1936-37 alors que l'Europe voit l'émergence de dictateurs et que circulent des photographies de la guerre d'Espagne, s'inscrit dans un contexte dominé par un horizon apocalyptique, comme le rappelle la question “How are we to prevent war?” en ouverture de l'essai. En suivant les boucles et les détours de la voix féminine appelée à faire face à cet horizon, l'article s'attache à explorer le feuilletage du texte woolfien et la façon dont se mêlent des stratégies potentiellement contradictoires mais qui convergent pour mettre en crise les limites et interroger l’autorité de tout discours. En effet, à une rhétorique de la démonstration et du décadrage s’ajoutent des formes de résistance qui opèrent sur le mode de l'intermittence, de l'interstice, de la lueur, et travaillent les limites depuis l'intérieur. Le frottement des images et le recours au poétique dans le cadre polémique de l'essai font partie des moyens amenant à repenser les limites du genre, autant que celles du langage, et permettant d'illimiter les contours d'une communauté de pensée qui érige la différence en acte de résistance et pouvoir de survivance.

 

Author Biography

Nathalie Pavec, Université de Franche-Comté

Maître de Conférences, département d'anglais.

Published

2011-10-26