Les Transferts littéraires dans C’est moi qui souligne de Nina Berberova
Résumé
Pour Kristeva, la pratique de la psychanalyse est une écriture : l’analyste est en osmose empathique avec son patient, et il produit le mot juste, celui qui fait mouche, comme le fait l’écrivain, qui est dans la même osmose envers son texte, dont le langage (et en particulier les métaphores) véhicule son désir inconscient, décryptable par une lectrice au désir similaire. Je postule que l’écriture de son autobiographie par Berberova d’une part et ma lecture de son texte d’autre part ont des caractéristiques transférentielles qui sont arrimées au refus de l’immobilisme œdipien. Les transferts littéraires que j’étudie révèlent que pour Berberova, le déplacement est l’antidote de cette fixation mortifère sur le père. Tout d’abord, il y a son rejet de la maison familiale, qu’elle appelle un nid. Puis, sa recherche post-œdipienne suit le fil de la lumière et de la chaleur qui la guide vers des maisons, des amours et des identités nouvelles. Le symbole du sang vient sceller sa filiation élective avec les artistes, sans renier sa place dans les générations. En substance, quand elle sent la vie se figer autour d’elle, elle part se réinventer ailleurs, tout en gardant intacte l’émotion de ses amours passées. En fin de compte, selon elle, même si son prix est « exorbitant », le refus de l’Œdipe permet la réconciliation entre le corps et l’esprit, une unification de l’être.
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