Penser l’être-avec : hôtes et parasites dans la fiction d’Ali Smith
Résumé
Si toute l’œuvre d’Ali Smith constitue une pensée du commun, il s’agit dans cet article d’examiner le statut privilégié que l’écrivaine donne au parasite, figure qui interroge de façon complexe ce que Jean-Luc Nancy nomme l’« être-avec ». Contrairement au simple visiteur, le parasite véhicule avec lui la notion d’un tort ou d’un abus qui bouscule toute conception entièrement pacifique du partage. Dans sa réécriture du topos (principalement dans The Accidental and There but for the) Smith met en avant la fonction d’interruption du parasite, interruption qui se retrouve au premier plan dans les analyses de Michel Serres, mais aussi dans la réflexion sur le commun et la communauté que mènent Jean-Luc Nancy ou Jacques Rancière. D’une certaine façon le parasite souligne ce qui, dans le commun, est toujours « rapport tendu […] entre du partagé et de l’impartageable » (Rancière). Alors même qu’il est l’accident ou l’agent interrupteur, le parasite fait surgir le fond de la relation – ce qui est déjà là, en partage, quand bien même on ne cesse de l’oublier. Le lieu se donne alors comme point de départ pour penser l’en-commun. Chez Smith, ce lieu n’est pas simplement la maison ou la table du repas, il est le bain d’une langue dans lequel chacun est immergé au même titre. Plus qu’un simple personnage, le parasite devient une figure du texte : il se loge dans une forme que l’on peut dire hospitalière et se déchaîne comme une force qui défait et renouvelle potentiellement à chaque instant le partage du sens.
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