“The Second Person Singular”: the (Impossible) “Being-With” in Djuna Barnes’s Nightwood
Résumé
Cet article émet l’hypothèse qu’être singulier—à la fois unique en son genre et seul—est au cœur de Nightwood de Djuna Barnes. Dans ce roman qui résiste la classification, Barnes semble explorer l’idée du sui generis dans une double optique genrée et générique. Elle rejette la pression hétéronormative de la société bourgeoise, en mettant au premier plan un groupe de personnages non-normatifs, sans cependant les transformer en communauté alternative ; au contraire, elle met en doute l’idée même d’une union amoureuse ou spirituelle entre eux. Figure d’une singularité muette, énigmatique et d’une solitude « monstrueuse », Robin Vote provoque un désir ardent de se lier à elle. Mélange troublant entre féminin et masculin, humain et animal, elle devient l’emblème la singularité baroque du roman. Avec son errance solitaire, elle embrouille les autres personnages dans un rêve collectif de désir pour elle. A travers cette figure qui s’échappe indomptablement, brisant à la fois le couple hétérosexuel et homosexuel, le roman met au premier plan le désir de se lier à l’autre, dimension essentielle de la condition humaine. Cette quête de sens et de fixité à travers l’autre s’avère illusoire et a des effets désastreux sur l’individu. Tout aussi androgyne et solitaire, le docteur est à la fois le double et l’inverse de Robin : alors qu’elle reste sourde envers la souffrance qu’elle inflige, c’est vers lui que les personnages se tournent en quête de consolation. Pourtant, au lieu de consoler en créant une union spirituelle, les monologues du docteur mettent l’accent sur les limites de l’empathie, de la communication et du langage, ainsi que sur la futilité de l’existence humaine. Il donne une voix à l’angoisse existentielle qu’entraîne le fait d’être radicalement singulier, devenant le porte-parole d’un existentialisme queer.
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