Ada de Vladimir Nabokov, ou la texture de la référentialité

  • Marie Bouchet Université de Toulouse II-Le Mirail

Résumé

Cet article prend pour hypothèse qu'Ada permet à Nabokov de se jouer de la traditionnelle spécularité référentielle entre monde et mots, et lui permet de déployer une réflexion sur et une pratique de la référentialité. L'univers diégétique d'Antiterra exhibe sa relation au monde du lecteur, désigné sous le nom de Terra, planète-sœur d'Antiterra. C'est dans cette structure entre ces deux planètes que se déploie le jeu nabokovien sur la référentialité dans le roman. En effet Antiterra ressemble à notre monde, mais bien des éléments sont différents : l'électricité y est interdite, la Russie et l'Amérique ne forment d'un continent, entre autres. La carte d'Antiterra est ponctuée de lieux qui sont les doubles de lieux réels, ou des fusions de plusieurs lieux réels. En élargissant à l'ensemble de son roman le principe de répétition avec variation, Nabokov duplique le « champ mimétique » (Bailly), et se sert de la référentialité non pas comme cadre guidant la construction de l'univers diégétique dans l'esprit du lecteur, mais comme un outil lui permettant de se jouer de nos réflexes et de nos attentes, et de nous inviter au merveilleux jeu de la fiction. La démonstration en trois temps suit la structure de divergence/convergence entre monde et mots du roman, en s'attachant tout d'abord à la géographie d'Antiterra (espace) et son exploration des potentialités du langage, puis sur les jeux référentiels autour de l'histoire (temps), et se concentre enfin sur les dernières pages du roman où la fusion entre Antiterra et Terra s'opère.

Biographie de l'auteur

Marie Bouchet, Université de Toulouse II-Le Mirail

Maître de Conférences

Département des Etudes du Monde Anglophone

Directeur

Publiée
2019-07-01