"A Strange, Almost Biblical Feeling": Poétique de l'anti-lecture dans The Death of Klinghoffer de John Adams et Alice Goodman
Mots-clés :
Adams, John , Goodman, Alice , Sellars, Peter , The Death of Klinghoffer , opéra, lecture , pragmatique , éthique , politique.Résumé
The Death of Klinghoffer (1991), le deuxième opéra de John Adams, pose de manière particulièrement aiguë la question de la lecture. Quoique fondé sur des faits historiques, il n’a pas pour but de représenter l’événement, mais de le raconter, et la question de la mimesis y est reléguée au second plan au profit d’une interrogation sur la mise en récit ; qui plus est, cette problématique est abordée du point du lecteur qui va chercher dans les textes les plus divers les clefs de l’actualité immédiate. Davantage que l’herméneutique, c’est la pragmatique de la lecture qui constitue l’enjeu premier de cet ouvrage où les mots blessent ou tuent non moins sûrement que les armes. The Death of Klinghoffer a pour sujet un épisode récent du conflit israélo-palestinien, autrement dit une situation où tout incite à rechercher une réponse universellement acceptable à la question de la « juste » interprétation des témoignages historiques ou des textes sacrés, mais où nul consensus n’est actuellement possible, de sorte que toute lecture est d’une certaine manière mélecture (« misreading »), confrontation avec l’incertain et l’indécidable. Si Adams et sa librettiste Alice Goodman tirent de cet état de fait des conclusions d’ordre esthétique, ils restent pleinement conscients que la vraie question est d’ordre éthique et politique. Faute de pouvoir contribuer à la résoudre, ils inventent une pratique de l’anti-lecture parodique, dans l’espoir de susciter ainsi, chez le spectateur, une prise de conscience salutaire.
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