Recours et secours des choses : la poésie de Frank O’Hara (1926-1966)
Résumé
Dans une lettre de juillet 1955 au peintre Fairfield Porter, le poète Frank O’Hara (1926-1966) confie les affres dans lesquelles le plonge l’épreuve de l’écriture : “[My work] is full of objects for their own sake, spleen and ironically intimate observation which may be truthfulness (in the lyrical sense) but is more likely to be egotistical cynicism masquerading as honesty.” Les Collected Poems et les écrits sur l’art de Frank O’Hara proposent une réflexion discrète sur le rapport de l’homme au monde matériel. L’expression « objects for their own sake » est à cet égard féconde : l’entreprise de réinvention du sujet lyrique par O’Hara peut être comprise comme une variation sur le mot « sake ». Si l’on définit la locution par « objets pour eux-mêmes », on comprend alors le matérialisme du poète comme la volonté de rendre compte de la réalité objective sans projeter sur elle de sentiments ni en faire le simple vecteur de la subjectivité. Même si les plus beaux objets sont pour O’Hara ceux qui résistent à la volonté des hommes d’y accrocher leurs sentiments, ils ne sont pourtant en rien affranchis de l’emprise de la subjectivité : ils sont aussi « for my sake ». Cet article propose d’explorer un premier « lyrisme matérialiste » de Frank O’Hara jusque dans les poèmes du milieu des années cinquante, qui voient s’élaborer un « nouvel intérieur » peuplé d’objets qui prépare les poèmes « I do this I do that » du marcheur de New York.
Mots-clés : Frank O’Hara (1926-1966), poésie, poésie étatsunienne, lyrisme, matérialisme, sujet, objet
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