Brave New Humans and Incongruous Bodysuits: On Surveillance and its Modes in Dave Eggers’ The Every (2021)

  • Claire Wrobel Paris Ouest Nanterre

Résumé

Cet article part de la définition que Pierre Jourde propose de l’incongru comme de quelque chose d’insignifiant qui est du côté de l’écart, de la rencontre hétéroclite, du superflu et de la malséance afin d’analyser la fonction d’un détail du roman The Every de Dave Eggers : les combinaisons en lycra que portent les habitants de la dystopie. Leur apparition inattendue au cœur de la plus grande société de surveillance mondiale menace de mettre en déroute le projet de sabotage de la protagoniste. Dans un monde où l’oculométrie est la norme et où tout est enregistré de façon permanente, Delaney Wells craint d’être découverte. L’article situe d’abord le roman et la question des normes dans la tradition de l’utopie littéraire pour montrer que c’est le choc entre deux systèmes de normes qui produit l’incongru. Il étudie ensuite le fonctionnement de l’incongru au niveau de la référentialité, de la textualité et du récit pour mettre au jour la tension inhérente à toute tentative de donner du sens à l’incongru, ce que les lecteurs sont néanmoins encouragés à faire. Il examine enfin la question du mode. En effet, la présence de l’incongru produit des effets comiques qui déjouent les attentes des lecteurs dont l’imaginaire de la surveillance a pu être façonné par des dystopies sombres. The Every permet de s’interroger sur la façon dont formes et genres littéraires établis peuvent accueillir la surveillance des sociétés du capitalisme tardif, où elle semble être adoptée presque sans réserve et où c’est plutôt l’invisibilité qui est perçue comme menaçante.

Biographie de l'auteur

Claire Wrobel, Paris Ouest Nanterre
Associée Temporaire d'Enseignement et de Recherches à l'université de Paris Ouest Prépare une thèse sur Jeremy Bentham
Publiée
2023-10-04
Rubrique
ARTICLES