Les Apories de la référentialité dans Orlando: A Biography de Virginia Woolf
Résumé
Paru en 1928 dans le contexte particulièrement riche de l'émulation entre les arts anciens et les arts nouveaux, à savoir la peinture et la photographie, l'iconotexte qu’est Orlando: A Biography est la tentative sinon la plus aboutie, du moins la plus complexe et la plus sophistiquée de Virginia Woolf pour penser la question de la référentialité de manière globale. Cette mytho-biographie ou biographie fictionnelle de son amie Vita Sackville-West associe texte foisonnant et « illustrations », dans une tentative plurielle et hétérogène de saisir la vie de Vita sur le vif. Cet article retrace les conditions dans lesquelles l'œuvre fut écrite, montrant à quel point le projet initial associait intimement représentation picturale, photographique et linguistique. Biographie ludique, Orlando fut aussi le creuset de la théorie de la Nouvelle Biographie que Woolf édifia en même temps, donc texte sérieux s'il en est. Pourtant ce sont bien la satire et la parodie qui président aux relations entre texte et image : les liens entre les images proposées et les légendes qui leur sont associées, ou le texte qu'elles sont censées « illustrer », relèvent le plus souvent du hiatus. L'iconotexte joue sur les notions de mimétisme et d'invention, de ressemblance et de dissemblance pour imposer finalement un régime de référentialité où l'instabilité, l'hybridité et la fragmentation sont reines, inscrivant en cela Orlando à l'avant-garde du modernisme. Le questionnement sur la référentialité se fait ici prolongement de réflexions ontologiques sur les genres (littéraire et sexuel) qui s'expriment en termes de vacillation.
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