"“Nose to the Ground on Sunday”: comédie animale et zoopoétique dans Sunday in the Park with George de Stephen Sondheim et James Lapine"
Mots-clés :
Sondheim, Stephen, Musical, ZoopoétiqueRésumé
Au premier acte de Sunday in the Park with George (1984), musical de Stephen Sondheim et James Lapine, figure une scène humoristique où le personnage central, le peintre Georges Seurat, fait mine de dialoguer avec deux chiens qui finiront par trouver place dans La Grande Jatte, son chef-d'œuvre encore à l'état d'esquisse. Confrontation problématique avec des êtres dont la position au regard du logos et de la voix chantée apparaît d'emblée très incertaine, cette scène interroge la notion même de comédie, puisqu'elle incite à se demander dans quelle mesure la rencontre, et a fortiori le rassemblement recherché par le genre comique, demeure possible dans de telles conditions. Plus fondamentalement encore, cet épisode invite à examiner la nature et les limites de la représentation picturale et théâtrale, voire la possibilité d'une "zoopoétique", pour reprendre le terme de Jacques Derrida. In fine, ces questions reçoivent une réponse encourageante, car la comédie telle que l'entend Sondheim est un genre ambivalent qui se nourrit des tensions qu'elle suscite; elles ne sauraient par conséquent la remettre directement en cause. Il faut néanmoins que l'artiste fasse le choix difficile d'une dépropriation consentie, clef d'un renoncement à l'anthropocentrisme.
In Act 1 of Sunday in the Park with George, Stephen Sondheim's 1984 collaboration with James Lapine, the main character — the French painter Georges Seurat — pretends to have a conversation with two stray dogs, which he eventually decides to depict in his masterwork La Grande Jatte. This humorous scene stages a problematic confrontation with beings whose position in regard to logos and the singing voice remains highly uncertain throughout; as such, it questions the very definition of (musical) comedy, since it makes one wonder to what exent such an event can be described as an "encounter," let alone pave the way for the sort of general reconciliation with which this genre is centrally concerned. On an even more fundamental level, George's mock conversation with the two dogs urges a reexamination of the nature and limitations of theatrical and pictorial representation, thus questioning the possibility of a "zoopoetics," to borrow a term coined by Jacques Derrida. In the end, these inquiries receive encouraging answers, since comedy as Sondheim understands it is an ambivalent genre which, far from being undermined by the tensions it creates, actually owes much of its power to them. However, success is predicated on the artist's ability to let go of the age-old belief in logos as a human privilege and take a tentative step away from anthropocentrism.
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