Erasmus Darwin ou la théorie de la séduction naturelle

  • Caroline Dauphin Université Paris-3 Sorbonne-Nouvelle
Mots-clés: Darwin, Erasmus, Poésie scientifique, Charles, Lucrèce, Epicurisme

Résumé

Dans son long poème posthume The Temple of Nature (1803), Erasmus Darwin pose les fondements de l’évolutionnisme, comme son célèbre petit-fils Charles le fera un demi-siècle plus tard. Toutefois, si leur perspective scientifique est relativement similaire, leur façon de percevoir le vivant et de le mettre en scène diffère grandement. Erasmus Darwin est un épicurien : le principe du plaisir animal est pour lui au cœur de son système du vivant. La question de la survie, être ou ne pas être adapté à son environnement, se métamorphose en stratégie de séduction réciproque, to please and to be pleased, passant de la sélection à la séduction naturelle. Ce principe est également esthétique : il se manifeste par une poétique de la profusion et de la réciprocité, avec nombre d’énumérations, d’allitérations et d’épanadiploses, ainsi qu’une abondance de scènes très pittoresques. À la différence de son petit-fils, Erasmus Darwin, lui, veut se faire poète autant que naturaliste, et transmettre à son  lecteur une partie du plaisir animal qu’il décrit par le plaisir poétique. Il nous invite ainsi à prendre part au grand banquet de la vie, dans ce jardin d’Éden paradoxal où  le fruit de l’arbre de la connaissance représente un festin intellectuel. Quant à l’homme, il est soumis aux lois de l’évolution et de la perfectibilité, et n’est au fond qu’un animal parmi d’autres, au même rang que « [our] brother-Emmets and [our] sister-Worms », animal à la fois rieur et risible, homo risibilis.

Publiée
2018-07-09