Fulguration d'Ellsworth Kelly

  • Richard Phelan Aix-Marseille Université

Résumé

Ce que tente l’artiste américain Ellsworth Kelly (1923-2015) est une entreprise proprement prométhéenne : façonner comme son aîné Barnett Newman des blocs sans afféterie, des épiphanies lumineuses, précises, des œuvres qui frappent, qui foudroient, qui opposent à un expressionnisme abstrait déjà académique et à une figuration depuis longtemps devenue fade une nouvelle… fulguration. Pour Gottfried Boehm, Kelly a voulu créer, tout simplement, un nouvel art : “A new and totally original approach to the very concept of painting, to the whole idea of what art might be”.

Quoique fabriquée en décalage avec l’art qui se produit aux Etats-Unis, l’œuvre d’Ellsworth Kelly partage avec le minimalisme et le Pop Art américain la volonté d’affirmer l’œuvre en tant qu’objet. Les œuvres que fabriquent Kelly et les Américains des années 60 délaissent souvent le cadre, mais ne sont pas moins travaillées par la nécessité de se constituer en « piège(s) à regard ». Au contraire, elles portent très haut l’auto-signalement, faisant de ce que l’on pourrait appeler la fonction signalétique une question essentielle. De cette hypertrophie signalétique provient un grand pouvoir de captation, une nouvelle capacité à subjuguer, de sorte que l’on pourrait avancer que leur recherche de visibilité relève pour partie d’une stratégie de séduction.

Biographie de l'auteur

Richard Phelan, Aix-Marseille Université
Maître de conférences en études américaines, Aix-Marseille Université
Publiée
2017-02-09