“I am afrege this is true”: Puzzling over ∑ Not-Percival’s Wor(l)ds
Mots-clés :
Percival Everett, philosophie du langage, Husserl, Frege, Wittgenstein, DerridaRésumé
Summary
In his latest metafictional satire, Percival Everett by Virgil Russell, Percival Everett uses the artifice of fiction-making as both a parodic illustration and a thought experiment to question the primarily epistemological value ascribed to language by such philosophers as Frege, Russell, or Husserl to name but a few. In other words, can language account for any metaphysical truth about the world and human experience, or is it a self-contained system, closed upon itself and therefore separate from any reality other than that of the speaking subject's consciousness? Drawing on various linguistic theories grounded on the metaphysical postulate of a pure logical language lying outside the empirical plane, Everett tips the balance of their semantic dualism toward sheer abstraction. The point is to suggest that nothing can be said or known about the world, undermining both notions of subjectivity and authority as “I” becomes an empty signifier, a mere algebraic sign pertaining to a non-empirical sphere of ideality. Language can only miscommunicate the subject's thoughts and emotions, a phenomenon illustrated by Everett's own playful mistranslations of a wide-ranging philosophical and fictional intertext, questioning the very possibility of intersubjectivity. In the end, do we actually live in a world of solipsistic monads gesturing at each other without being able to communicate their experience? In the context of a pseudo-biographical novel staging the fictional dialogue of a dying, and possibly already dead father with his middle-aged son, the ultimate question might prove to be less epistemological than aesthetic in fact: misreading allows for the silent expressiveness of a lyrical though theoretical prose tangentially touching upon the other's wor(l)d, opening onto a subtle reflection upon loss and mourning, an intimation of man's mortality.
Résumé
Dans sa dernière métafiction satirique, Percival Everett by Virgil Russell, Percival Everett exploite l'artifice de la création fictionnelle à la fois comme une illustration parodique et comme une expérience de pensée pour interroger la valeur épistémologique attribuée au langage par des philosophes comme Frege, Russell ou Husserl pour n'en nommer que quelques-uns. En d'autres termes, le langage peut-il rendre compte d'une quelconque vérité métaphysique sur le monde et l'expérience humaine, ou bien s'agit-il d'un système autonome et clos sur lui-même, de fait séparé de toute autre réalité que celle de la conscience du sujet parlant ? S'inspirant de diverses théories linguistiques fondées sur le postulat métaphysique d'une pure langue logique qui se situerait en dehors du plan empirique, Everett fait pencher la balance du dualisme sémantique vers l'abstraction pure : il s'agit de suggérer que rien ne peut-être dit ou connu à propos du monde, minant dès lors la notion de subjectivité et d'autorité puisque « je » devient un signifiant vide, un simple signe algébrique qui relève de la sphère non-empirique de l'idéalité. Le langage ne peut qu'échouer à communiquer les pensées et les émotions du sujet, phénomène illustré par les métraductions pratiquées par Everett lui-même à partir d'un vaste intertexte philosophique et fictionnel, remettant en question la possibilité même de l'intersubjectivité. Au bout du compte, vivons-nous vraiment dans un monde peuplé de monades solipsistes qui s'adressent des signes sans pour autant pouvoir communiquer leur expérience ? Dans le contexte de ce roman pseudo-biographique qui met en scène le dialogue fictif d'un père mourant, et peut-être déjà mort avec son fils d'âge mûr, la question ultime est peut-être moins épistémologique qu'esthétique au bout du compte : la mélecture autorise permet le déploiement de l'expressivité muette d'une prose théorique qui n'en est pas moins lyrique, touchant tangentiellement au monde et aux mots de l'autre, ouvrant sur une réflexion subtile qui porte sur la perte et le deuil, pressentiment de la mortalité humaine.
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