Du silence du polyglotte au bégaiement de la langue
Mots-clés :
Diaspora, Voix, Corps, Identité socialeRésumé
Si les écrivains post-coloniaux ont souvent eu tendance à aborder la question de la voix sous l’angle de la voix détournée, contrainte de prononcer les sons et accents d’une langue étrangère imposée par le colon, la littérature diasporique laisse surgir un spectre plus important de situations qui se déclinent comme autant de rapports à la langue dont cette voix se fait le porte-parole. Dépassant l’opposition binaire langue maternelle, qui est aussi la langue du peuple colonisé et langue du colon (imposée et qui reste étrangère), elle explore les rapports entre la voix et le corps fantasmé que l’immigré se réinvente et qui hante son imagination. Cette voix porteuse d’accents et de sons étrangers qui n’évoquent pas seulement la nostalgie de la mère patrie, perdue ou pour un temps laissée de côté mais la promesse d’une vie sinon meilleure, du moins nouvelle. La voix n’y est pas seulement décrite comme portant les stigmates d’un exil linguistique mais comme l’instrument d’une réinvention programmée. Elle n’est pas toujours éteinte ou vacillante mais peut aussi se faire sonore voire tonitruante, témoignant ainsi de l’aspect libérateur de l’expérience diasporique, une voix pas seulement exilée dans un autre système phonologique et étrangère à elle-même (Kristeva), mais capable de faire bégayer la langue d’emprunt (Deleuze).
Dans cet article je m’intéresse plus particulièrement à quatre questions : la fragilité de la voix et son statut, aux confins du corporel et de l’immatériel ; le « fantasme de la voix désincarnée », d’une voix sous-codifiée par rapport au corps ; voix et jubilation vocale ; jubilation vocale et dérapage du sens (ou la jouissance vocale sans le sens)
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