trp_17_couv_120Que la voix soit un objet de fascination, tant pour la littérature, la philosophie, la psychanalyse ou la critique littéraire, c’est ce dont témoigne ce volume tant dans la variété des mediums artistiques qu’il convoque que dans les études qui le composent et les appareils critiques qui les informent. Sans doute doit-elle ce pouvoir à ce qu’elle est à la fois condition de possibilité de la parole, et en même temps ce qui s’en soustrait sauf à revenir la hanter ou à en hanter le récit, le visuel ou la scène opératique ou théâtrale sous bien des formes. D’où cet étrange pouvoir qui la rend insituable, peut-être même « inthéorisable » ainsi que le suggère Roland Barthes, alors même que les mythes s’en saisissent et que ses valences métaphoriques se font proliférantes. Dans son expression phénoménale, elle semble porter la dimension la plus singulière de l’être dont la fiction viendra déployer dans un luxe de modulations infinies les formes les plus variées, des plus ténues au plus extrêmes jusque dans le cri elle avoue le destin de la pulsion qui est le sien, précisément là où il abolit la parole. Mettant en résonance le corps et l’espace sonore par lequel elle porte son écho qui lui fait retour, elle se fait modulation de différences pures, d’une présence à soi qui toutefois lui revient comme autre, comme l’empreinte sonore d’un avoir été. Elle porte ainsi en elle l’adhérence d’une présence — et de ce fait là même de sa perte — avec laquelle tous les modes de représentation ont partie liée pour mieux en imaginariser le récit là où le régime de la lettre en contresigne le défaut.

 

Publiée: 2011-07-04